Qu’est-ce que l’art postal ?

 

Qu’est-ce que l’art postal ? L'art postal (ou mail-art) s'est considérablement développé à partir des années 80 à travers différentes manifestations, des expositions (au Musée de la Poste de Paris entre autres) et la publication d'articles dans divers journaux. Une revue d'art comme le très officiel Beaux Arts magazine lui a même fait durant plusieurs années une (petite) place en invitant ses lecteurs à lui envoyer lettres et cartes postales décorées, celle qui faisait le plus preuve d'originalité et de créativité illustrant chaque mois sa rubrique courrier. Sans être toutefois jamais allé au-delà dans la reconnaissance ni lui consacrer le moindre article. Peut-être parce que loin des pompes et des ors de l'officialité reconnue et de l'élitisme artistique, les formes que prend l'art postal sont essentiellement modestes, ludiques, anarchiques et largement à la portée de tout un chacun. Avec pour conséquence, il est vrai, que ses manifestations, pour sympathiques qu'elles puissent être, ne sont le plus souvent qu'un fourre-tout un peu répétitif d'enveloppes décorées avec plus ou moins de bonheur et d'originalité. Artension, revue pourtant beaucoup plus curieuse et ouverte à l'art vivant, ne fit pas plus elle non plus que publier la plus belle enveloppe reçue à chaque parution.

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L’art postal est donc souvent resté assimilé à la décoration d'enveloppes, et n'est guère considéré pour autre chose qu'un aimable passetemps, ce que peut-être il est essentiellement. Ne se réduisant pourtant pas à cette seule production d'enveloppes, production à laquelle ont d'ailleurs contribué plus ou moins épisodiquement des artistes aussi célèbres que Picasso, Breton, Prévert évidemment, ou encore Tinguely ou Satie, l'art postal est multiforme. Si l'on veut tenter une définition, disons que relève de l'art postal tout objet ou action artistique intégrant dans sa démarche l’acheminement par voie postale comme composante indispensable de l'œuvre (enveloppes décorées donc, mais aussi tampons, timbres, réseaux de correspondances...). Bien que cette définition puisse sans doute être discutée, chaque artiste ou presque œuvrant dans ce domaine ayant la sienne, elle a à mon sens le mérite d'être largement ouverte mais d'insister sur la place prépondérante accordée à l'expédition par la poste; ce qui pourrait apparaître comme une évidence, mais n'est cependant pas inutile à rappeler. On a en effet coutume par exemple de rattacher sans discernement à l'art postal la production par certains artistes de planches de timbres : si ces timbres n'ont pas vocation à un usage postal, et je dirais même tant qu'ils n'ont pas été régulièrement oblitérés, ils ne sont que des vignettes sans rapport avec le sujet qui nous intéresse. C'est ainsi que pour ma part je me suis fait une obligation que mes vrais-faux timbres non seulement soient postés et oblitérés, mais que lorsqu'il est arrivé (heureusement rarement !) que les services postaux découvrent la supercherie, je détruise le timbre en question. Ce n'est donc qu'à cette condition de crédibilité conféré par l'oblitération que le timbre d'artiste a droit de cité dans le champ de l'art postal.

Le timbre implique un code strict de forme et de fonction. Même si l'artiste prend des libertés et se démarque des produits officiels de la poste, ce qui fait bien entendu tout l'intérêt de sa création, il doit en grande partie respecter ce code : taille, perforation, indication de valeur, de provenance notamment. Les timbres géants, les planches d'images, les autocollants ou autres dessins ne répondant pas assez fidèlement à ce code ne peuvent donc être considérés comme timbres.

Voici donc ma définition du timbre d'artiste relevant de l'art postal:
Les timbres d'artistes sont des créations originales, imprimées ou peintes. Ils doivent présenter l'aspect général d'un timbre, c'est- à- dire:
Pour les timbres imprimés:
1- Même format qu'un timbre-poste.
2- Impression de préférence sur papier gommé et perforé (à l'emporte-pièce).
3- Mention d'une autorité émettrice (réelle ou imaginaire) et d'une dénomination numérique.

Pour les timbres peints:
1- Même format.
2- Mention d'une autorité émettrice (réelle ou imaginaire) et d'une dénomination numérique.
3- Dentelure.
4- Oblitération effective par la Poste, attestant que le timbre a voyagé. (Les caractéristiques des timbres imprimés devant d'ailleurs leur permettre aussi d'obtenir cette oblitération).

Tous les timbres que j’ai créés et dont un certain nombre est présenté ici, peints directement sur l'enveloppe puis postés, répondent à ces critères.